La France et le nucléaire
Contexte
Impulsée par le général de Gaulle, dès la sortie de la seconde guerre mondiale, la politique nucléaire de la France va vraiment se développer dans les années 60 aussi bien pour la partie militaire que la partie énergétique. Tous les gouvernements successifs vont s’inscrire dans une continuité politique qui permet aujourd’hui à la France d’être à la fois un acteur majeur sur la scène internationale, grâce à la possession de l’arme nucléaire, mais aussi d’avoir une capacité de production énergétique importante et même excédentaire grâce à son parc de centrale nucléaire.
Aujourd’hui, la France a décidé de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2035, avec notamment la fermeture progressive des centrales nucléaires qui débute en 2020 avec la mise à l’arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim. Que pouvons-nous en penser ?
Environnement
Réduire à la fois les gaz à effet de serre et la part du nucléaire semble deux objectifs trop ambitieux et difficilement conciliables. En revanche, admettre le vieillissement des centrales nucléaires et nous préparer à leur fin de vie en débutant leur démantèlement est indispensable. Concilier l’existence de ces deux énergies est un dossier de spécialistes et de mixtes énergétiques à étudier !
Les ENR (Energies Renouvelables) posent un problème de continuité ou d’intermittence ou durées de non production. Si sur un territoire grand comme la France, il y a toujours un endroit où il y a du vent, surtout à plus de 50 mètres et en haute mer, il n’est pas forcément évident de construire et d’installer des dizaines de milliers d’éoliennes sur notre territoire.
Si nous savons produire les cellules photovoltaïques en grand nombre et à faible coût, il ne demeure pas moins que le solaire est par nature intermittent et cela pose la question du stockage de l’énergie.
L’utilisation des batteries des voitures électriques pour alimenter les réseaux à des moments de “pointes” de consommation, ou en période nocturne est une piste à l’étude, mais tous les métaux nécessaires sont rares et chers aujourd’hui ! Pour les batteries, c’est pareil, le lithium ne fait pas l’unanimité pour sa rareté et sa pollution à l’extraction, d’autres technologies émergent.
L’avenir est à une production décentralisée, régionalisée d’énergie où Il faudra adapter nos consommations à la production d’électricité renouvelable.
Il y a du travail d’étude et de recherches encore à faire pour concevoir un futur énergétique.
Le potentiel serait dans la recherche du “négawatt” : l’énergie qui n’est pas consommée.
Les solutions utilisables en France ne sont pas celles qui conviennent à un pays d’Afrique.
Il ne faut pas non plus faire de faute d’analyse : Fukushima n’est pas un accident nucléaire. C’est bien au minimum un accident industriel dans une centrale nucléaire dont les conséquences écologiques semblent avoir été maitrisées et contenues. Il a pour origine un défaut de protection des moyens de sécurités (groupe électrogène) pour cause d’inondation, suite au tsunami. Il y a bien eu des fuites radioactives dans les milieux (air, eau, terre) et sur les humains c’est à l’étude.
Il aurait pu être bien plus grave et en cela il a servi pour établir de nouveau standard de sécurité dans le nucléaire en France, mais l’ombre de Tchernobyl demeure.
Propositions
Nous sommes pour conserver une filière du nucléaire d’excellence pour 3 raisons :
- Pour garantir notre souveraineté nationale et notre liberté collective, à travers la maitrise de l’arme nucléaire et de la politique de dissuasion associée, qui demeure notre bouclier de paix
- Pour garantir notre indépendance énergétique et ne pas subir les fluctuations des marchés du pétrole, du gaz et des possibles tensions sur les flux d’approvisionnement
- Pour garantir une industrie de recherche et de développement de pointe indispensable pour notre économie et notre technologie d’avenir.
Pour une autonomie énergétique avec un mix nucléaire – renouvelable
Nous sommes pour le développement des énergies renouvelables mais pas au détriment du nucléaire. Les énergies renouvelables offrent la même garantie d’autonomie que le nucléaire avec une empreinte carbone faible et surtout une acceptation citoyenne plus importante, surtout si les champs d’éoliennes sont chez le voisin.
Toutefois, le rendement des énergies renouvelables demeure largement inférieur au besoin de notre population et de notre économie. Aussi, le mix est indispensable.
Notre vision est d’atteindre à l’horizon 2050 le mix suivant 60 % énergie nucléaire, 30% énergie renouvelable et 10% énergie fossile.
Perspectives
La fermeture de la centrale de Fessenheim doit être aussi considérée comme une opportunité pour apprendre en matière de démontage d’une centrale nucléaire. C’est un chantier qui ne peut être ni exporté, ni sous-traité. Au contraire, c’est une formidable expérience qui va être acquise par une industrie française et qui s’accompagnera d’investissement de recherche. Ce savoir-faire pourra d’une part être réutilisée pour d’autres sites mais également pour remporter des marchés à l’international pour le démantèlement de sites sensibles.
Nous devons avoir une filière du nucléaire de haut niveau pour être une référence internationale. Cette expertise passe par la maîtrise de tourtes les étapes : de la conception au démantèlement en passant par la construction et la gestion en production sans oublier le savoir-faire en matière de sécurité avec le modèle de gouvernance de l’ASN.
Il reste à trouver les techniques futuristes pour traiter les déchets.
Données clefs
- Le nucléaire en France c’est :
19 centrales - 72 % de la production française d’électricité, qui représente elle-même 27 % de la consommation finale d’énergie du pays
- 2 500 entreprises employant en 2015 près de 220 000 salariés (emplois directs et indirects) particulièrement qualifiés
- 50 Md€ de chiffre d’affaires dont 14 Md€ de valeur ajoutée, selon la Direction générale des entreprises (DGE) du Ministère de l’économie et des finances.